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Témoignage de Jennifer (46)

17 Jan

Nous nous sommes battues pendant 4 ans pour avoir un enfant parce qu’aller en Belgique est une démarche qui prend du temps ; d’une part il y a l’attente car il y a peu de donneurs belges, d’autres pays sont donc sollicités (le Danemark en l’occurrence). D’autre part il y a les examens quotidiens (prise de sang, échographie) avant le départ et puis il y a le trajet en lui-même : cela demande une organisation par rapport aux employeurs qui n’est pas toujours aisée…

C’est une démarche épuisante et onéreuse et il faut beaucoup de force et de détermination pour ne pas abandonner. Il aurait été si simple que cela puisse se faire en France avec les remboursement des frais médicaux…nous avons effectué environ 15 aller-retours (660 km minimum avec une nuit sur place parfois selon l’heure de l’insémination), nous ignorons combien d’argent nous avons dépensé exactement car nous avons dû changer de centre de PMA, le premier ayant fermé pour un contrôle…Nous avons essuyé des revers, des contretemps indépendants de notre volonté, et nous avons perdu des forces et de l’espoir dans les échecs, nous avons vécu au rythme des cycles ovariens, des inséminations et de l’attente des résultats sans être en capacité d’ anticiper aucun autre projet. Maintenant nous soulignons tout de même la chance d’avoir pu accéder à notre projet grâce à l’étranger. Je porterai toujours la Belgique dans mon cœur.
La 1ère FIV a marché ! Nous avons vécu la grossesse étape par étape, ne parvenant vraiment à nous réjouir que lors de la 2e échographie, lorsque le risque de fausse couche était écarté et qu’aucune anomalie n’avait été détectée.

Lou est là depuis le12 novembre 2012, et nous continuons à nous battre pour elle.

J’ai obtenu des jours équivalents à un congé « paternité » avant que des décrets ne soient faits en ce sens, le règlement intérieur de mon institution a été modifié aussi en ce sens. Mon comité d’entreprise m’a attribuée des prestations pour la naissance de ma fille et pour Noël et me reconnaît ainsi comme un parent à part entière.

Ma compagne a demandé au Juge aux affaires familiales un partage de l’autorité parentale à mon égard pour notre fille

Etant fonctionnaire, j’ai demandé un temps partiel de droit à mon employeur, et j’ignore s’il va être accepté, j’ignore également si la CAF va m’accorder l’allocation pour le complément libre choix d’activité…

Nous avons rédigé un testament manuscrit mais nous savons qu’il n’a pas de valeur juridique en cas de décès de ma conjointe, tout comme en cas de mon décès, à l’heure actuelle, rien ne reviendrait à ma fille…

Je veux protéger ma famille, je veux me marier avec la femme que j’aime depuis 13 ans, je veux adopter ma fille.

Je continuerai à me battre pour atteindre cette égalité pour l’amour que nous nous portons.

Je précise que nous avons été encouragées et soutenues par l’ensemble du corps médical aussi bien en France qu’en Belgique, et également lors du séjour à la maternité. Le médecin qui a pratiqué la césarienne est venue me voir pour me féliciter et me donner des nouvelles de ma femme…
La seule personne hostile a été la sage femme pendant les cours de préparation à l’accouchement qui m’a complètement ignorée.
Finalement je me dis qu’elle fait partie de cette minorité de la population française, enfin je me rassure comme ça car j’espère que les lois vont me reconnaître comme son parent légitime car même si je ne l’ai ni conçue, ni portée :

J’ai porté Lou dans mon cœur, dans mes rêves et à travers les yeux de ma femme.
J’ai posé ma main sur son ventre et j’ai senti ses premiers petits coups …
Je l’ai portée psychiquement pendant 9 mois, et dès ses premières heures de vie je l’ai rassurée alors qu’elle pleurait.
C’est moi qui la porte aujourd’hui pour la calmer du fait de l’allaitement et je n’ai aucun droit sur elle alors que j’en assume la charge et que j’en suis responsable avec ma femme et surtout que je l’aime de plus profond de mon être.

Le prénom Lou a deux étymologies : « illustre au combat » (germanique) et « lumière » (celtique)

Jennifer

 

 

Témoignage de Melvine (11)

17 Jan

Je m’appelle Melvine, j’ai 26 ans et je vis en couple depuis bientôt 5 ans avec ma moitié. Cinq années de purs bonheurs avec elle (le « s » à la fin du mot bonheur n’est pas une faute de frappe..), mais aussi 5 ans de combat, qui j’espère prendra fin bientôt.

Nous ne sommes pas encore mamans, mais nous souhaitons plus que tout au monde le devenir. Voilà maintenant 4 ans que nous en discutons et 1 an que ce projet de maternité devient de plus en plus concret.

Notre maison s’agrandit tout doucement au fur et à mesure de nos démarches, nous irons prochainement à la rencontre de celui qui sera peut être le père de notre enfant…Dur dur de faire confiance à un inconnu, malheureusement nous manquons de temps et d’argent pour un parcours en PMA, alors nous allons nous improviser chimistes afin de concevoir notre enfant, ce qui est loin d’être sans danger pour notre santé. Tout serait tellement plus facile et sécurisant si notre pays acceptait la PMA pour les couples de même sexe.

Cette loi est également indispensable afin de protéger les enfants issus des familles homoparentales, notamment pour la reconnaissance du parent social.

Il y a 3 ans, les médecins m’ont annoncé leur diagnostic : « Maladie orpheline » = maladie rare délaissée par la recherche médicale car trop peu de cas. Dans notre malheur, une lueur d’espoir : ce n’est pas une maladie héréditaire et elle n’affecte en aucun cas la stérilité.

Toujours est-il que s’il m’arrive malheur, ma compagne n’aura aucun droit sur notre enfant. La tutelle testamentaire ne pourra qu’influencer la décision d’un juge, elle n’a aucun pouvoir dans sa décision.

Notre premier combat fut semblable à celui d’un bon nombre d’homos, l’acceptation par mes parents. Après avoir été insultée, humiliée, violentée et considérée comme « anormale », il nous aura fallu 2 ans pour reprendre un dialogue parents/enfant normal, pour qu’ils « acceptent » ma compagne, puis finalement décident d’ignorer notre vie.

Le mariage devient donc pour nous et toutes les familles semblables à la nôtre, la seule protection pour nos enfants et futurs enfants, mais aussi la concrétisation de notre amour.

Tout aurait été différent si Julie s’était appelé Julien, c’est malheureux mais il suffit parfois qu’une lettre manque à l’appel pour qu’une famille vole en éclats…

 

Melvine

 

Témoignage d’Emmanuelle (43)

16 Jan

Ma compagne et moi sommes en couple depuis près de 30 ans. Nous sommes mamans de deux grands garçons de 28 et 26 ans nés grâce à une insémination dite “ artisanale” avec deux donneurs connus; nos fils ainés ont donc accès à leurs origines. Nous avons deux  autres fils de 6 et 8 ans que nous avons adoptés. Bien sur, la loi actuelle ne nous permettant pas une adoption en couple, nous avons chacune adoptée un de nos fils en “célibataire”.

Je suis professeur de lettres, ma compagne travaille dans la logistique, notre fils ainé est second de cuisine, en couple avec une charmante jeune femme, le second est professeur d’histoire, fiancé, il doit se marier cette année. Les deux plus jeunes sont bien sûr à l’école, école privée sous contrat, dans laquelle ils n’ont aucuns problèmes, notre famille y est très bien acceptée et nous participons activement à la vie de l’école. Je suis catholique pratiquante et je suis très impliquée dans la vie de ma paroisse, je dois cependant avouer, qu’afin de ménager toutes les susceptibilités, je reste au sein de l’Eglise très discrète sur ma vie privée. Nous payons nos impôts (nos fils ainés aussi), participons à la vie économique, sociale et politique de notre pays et cependant….. si l’une de nous venait à décéder, malgré une tutelle testamentaire déposée chez un notaire, nous n’avons aucune certitude que notre enfant pourrait continuer à vivre avec celle qui l’aurait élevé, aimé, nourri, choyé, depuis son adoption, puisque le droit strict accorderait alors plus de droits à la Mémé Chose ou au tonton Machin qu’à cette maman dite “sociale” ; nos fils ainés ne pourront hériter de celle qui n’est pas leur maman biologique. En cas de séparation de notre couple, nos enfants n’ont aucune garantie, à part celle de notre amour pour eux et de notre intelligence, de pouvoir continuer à voir leur deux parents. Ce ne sont donc pas en premier lieu les parents au sein des familles homoparentales qui sont mis en situation de fragilité et sont des citoyens de “seconde catégorie” mais bien les enfants. Nous ne demandons pas le droit de faire des enfants, Dieu merci, ils sont là !!!!! Nous demandons, nous exigeons pour eux, les mêmes droits à la sécurité et au bonheur que tous les autres enfants, simplement au regard de la priorité absolue que doit être le droit de l’enfant. Les couples homosexuels ne réclament pas un droit à l’enfant, ils l’ont, comme tout un chacun, ils réclament pour leurs enfants un droit à la famille, à leur famille.

 

Emmanuelle

Témoignage de Morgane (4)

16 Jan

J’ai longtemps hésité à vous écrire par rapport à ma famille et à tout ce que j’ai vécu dans le passé  » à cause de  » mon homosexualité puis j’ai sauté le pas car je trouvais important le fait de témoigner et peut être que cela encouragerait des jeunes comme moi à surmonter les moments difficiles et à essayer de relativiser même si cela est dur quelquefois face à la Haine, le Rejet, l’Ignorance et l’Incompréhension de ceux qui nous sont chers..

Je me présente je m’appelle Morgane, j’ai 19 ans et demi et vis près de Marseille,

Je n’ai pas vraiment de problème de santé particulier, ah si peut être un… Le fait simplement d’aimer… Oui oui aimer quelqu’un de tout son être et l’aimer d’amour tout simplement est une maladie pour certaines personnes.

Vous vous demandez sûrement pourquoi je dis cela ? Parce que je suis une jeune femme qui aime les femmes et lorsque j’ai décidé d’annoncer à ma famille enfin tout d’abord à mes parents mon homosexualité je n’aurais jamais cru vivre ce que j’ai vécu par la suite.

Il y a 3 ans, j’ai décidé d’arrêter de cacher la vérité sur la relation que j’avais avec ma soi-disant  » meilleure amie  » depuis 2 ans auprès de ma sœur et mes parents.

Ma sœur a été la 1ère à qui je me suis confiée et à mon grand soulagement et du haut de ses 12 ans m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit :  » Peut m’importe tes choix tu es ma sœur et je t’aime comme tu es et ce pour toujours..!  » j’ai été inondée d’émotions, c’est vraiment indescriptible ce que j’ai ressenti à ce moment là vraiment, et j’ai alors décidé de me lancer auprès de ma mère..

Ma sœur l’avait bien pris pourquoi avec ma mère cela serait différent ?!

Je me lance avec une E-NOR-ME boule à l’estomac, la gorge nouée et avant de commencer je lui demande pour me rassurer avec quelques larmes si Elle m’aimera toujours. Sa réponse fut un :  » Mais oui ma chérie, tu es ma fille je t’aimerai toujours, qu’est ce qu’il y a ?  » et là une fois m’être dévoilée, tout a basculé. Elle s’est mise à pleurer, puis une gifle est partie. Ma sœur a pris ma défense et s’est énervée car elle n’a pas compris cette réaction si brutale de ma mère qui n’avait jamais été comme ça auparavant.

J’ai dû partir pendant quelques temps de chez moi alors que c’était l’année de mon bac. Je ne savais pas trop où aller car mes grands parents et le reste de ma famille n’était pas au courant. Et là j’ai vu mes VRAIS Amis et leurs parents qui m’ont accueilli les bras ouverts chez eux sans me juger.

Quelques jours après ma copine de l’époque et moi nous nous séparions.

Puis j’ai dû retourner chez moi, ma mère m’a acceptée mais je n’avais plus le droit de parler, je devais rester dans ma chambre et n’en sortir juste pour manger, faire ma toilette et aller au lycée. Ceci a duré des mois et en plus de cela ma mère filtrait toutes les séries, films, radios et magazines qui parlaient d’homosexualité car cela aurait pu  » m’encourager dans mon inconscience et dans ma maladie » Et dans la rue Elle ne marchait jamais à mes côtés, Elle ne me calculait vraiment plus du tout. De même pour mon père.

J’ai raté mon bac cette année là avec tous ces événements car j’ai vraiment eu cette impression d’être la honte de ma famille, j’avais interdiction d’être moi  même en fait, sauf avec ma sœur.

C’est vraiment dur de ne plus recevoir aucun geste ni mot d’amour de ses parents du jour au lendemain juste parce que vous êtes vous même et différente des autres.

Et le plus dur c’est de voir que vos parents socialistes acceptaient leurs amis et connaissances qui sont gays ou lesbiennes mais pas leur propre fille.

Les mois ont passé et ils ont en fait comme si de rien n’était et comme si j’étais hétéro.

Mon père est toujours là à me répéter que je suis très jolie et féminine (le vrai bon gros stéréotype quoi comme si être lesbienne signifie avoir les gros sourcils et être assimilée à une  » camionneuse  » bref.. ) que je trouverai bien mon prince charmant etc, etc

Pour ma mère, Elle est rassurée quand Elle me sait entourée de garçons dans mes soirées donc j’ai pris à contre cœur l’habitude de lui mentir sur mes fréquentations ; ce n’est pas que je suis entourée que de filles, non j’ai autant d’amis filles que garçons (ça aussi ce sont encore que de fausses idées reçues sur les lesbiennes) mais quand je suis en soirées ou boîtes lesbiennes alors oui je lui mens.

Quand à ma sœur Elle m’aime toujours autant et notre complicité et notre amour sont encore plus grands qu’avant ! :’$

Pour l’instant je suis encore dans mes études et ne veut pas me retrouver à la rue sans rien mais j’espère très vite pouvoir m’assumer seule pour pouvoir leur redire une fois la vérité en face et enfin vivre moi même sans mensonges ni cachotteries.

J’espère donc ainsi vraiment que les mentalités vont évoluer dans notre société grâce au gouvernement, je l’espère vraiment pour pouvoir éviter au maximum ce mal être que vivent les jeunes homosexuels lorsqu’ils découvrent leur orientation sexuelle et qu’ils doivent l’assumer ensuite dans leur famille mais aussi dans leur lycée.

Un GRAND merci aux associations qui luttent pour les droits LGBT car elles sont admirables et font un boulot remarquable et particulièrement à l’association Le Refuge qui grâce au contact d’un de leur membre m’a permis de me relever et de reprendre la force de me battre et d’assumer qui j’étais réellement..! :’$

 » L’Amour n’a pas de sexe..  »

Morgane

Témoignage de Thérèse (3)

16 Jan

Je suis amie avec un couple d’homosexuelles femmes qui élèvent deux enfants. Je peux vous dire que ces enfants sont très équilibrées, très heureuses et ne souffrent aucunement d’avoir deux mamans. Avant de porter un jugement sur ces couples pourquoi ne pas demander aux enfants de ces familles homoparentales ce qu’ils en pensent, ils sont les premiers concernés et eux ne jugent pas, ils le vivent tout simplement …

Thérèse

Témoignage de Céline (38)

16 Jan

Je m’interroge depuis une semaine, poussée par ma compagne, sur l’intérêt de témoigner de nos vies. En quoi notre vie de couple et familiale  normale, pourrait avoir un quelconque intérêt? Nous ne ferons jamais la une de tabloïd ou l’ouverture du 20h tant nous sommes banales!

Et pourtant depuis ce weekend [du 13 janvier], je sens nos vies fragilisées, discriminées et haïes par des personnes ignorantes, réactionnaires et emplies de haine de la différence !

Cela fera bientôt 4 ans que je vis une superbe histoire d’amour avec la plus belle des femmes. Notre rencontre a eu lieu classiquement au travail. Un an après à peine, nous emménagions ensemble.

Nous avons décidé après de long mois de réflexion  de faire un enfant ensemble. Comme beaucoup de couple de femmes, nous sommes allées en Belgique pour faire une PMA. Chanceuses, l’IAD a fonctionné au 2ème essai! Nous sommes fières et débordantes de bonheur depuis 2 mois que notre puce a montré son nez!!!

Et pourtant, le projet de loi, nous rassurait car nous sentions que nous pourrions avoir cette reconnaissance de notre couple et de notre situation avec bébé! Il est tellement important que ma fille ait sa mamou comme 2ème parent! J’ai tellement peur qu’il m’arrive quelque chose avant ses 18 ans et qu’elle soit séparée de sa famille! Pareil pour ma compagne car quoiqu’il puisse arriver à notre couple ou à moi, elle a des liens forts avec ma puce et il est primordiale que cela lui soit reconnu légalement. Depuis dimanche [13 janvier], je sens que notre espoir sur la loi à venir est plus tenu et plus fragile; alors oui, je me dis qu’il faut témoigner de la banalité de notre amour, de notre vie avec notre fille! mais aussi remercier nos amis et nos familles qui nous ont apportés leur soutien et amour ce weekend!

 

Céline

 

 

Témoignage de Claudine (37)

16 Jan

Je m’appelle Claudine. Nous avons avec ma compagne un grand fils de presque 15 ans ½, Antonin.

Nous avons commencé dès 1992 nos démarches vers la Belgique pour concevoir cet enfant qui allait venir agrandir notre famille. Il est né en 1997, ce parcours ne fût pas un long fleuve tranquille : 12 IAD,  2 grossesses et 2 fausses couches et puis 1 FIV et 5 ans après le début de l’aventure, il est enfin arrivé.

Nous n’avons eu aucun problème avec la crèche ni avec l’école. Ma compagne a toujours été considérée comme le deuxième parent. Sauf dans le milieu médical, aux urgences ou lors d’hospitalisation, il a fallu souvent batailler ferme ; d’ailleurs notre fils appelait si fort son autre  parent que c’est lui qui rendait possible notre présence à toutes les deux.

Il nous toujours appelé ses parents pas ses mamans.

Il y a 3 ans j’ai subi une lourde intervention neurologique et là il a fallu en urgence demander une DAP (délégation d’autorité parentale) par voie d’avocat que nous avons obtenu en urgence en seulement 8 jours. Nous sommes pacsées et le rêve de notre fils serait de pouvoir accoler ses deux noms de famille.

C’est un bel adolescent sportif, hétérosexuel qui voudrait juste  pouvoir nous voir nous marier, entourées de nos familles et amis.

 

Claudine

Témoignage de Chris (36)

15 Jan

Voilà, je suis maman d’un petit garçon de 3 mois. J’étais là aux échographies, j’étais là lorsque nous avons perdu l’un des deux fœtus et que nous avons eu peur de ne jamais être mères, j’étais là lorsque ma compagne est tombée malade pendant sa grossesse, j’allais 3 fois par jour la voir à l’hôpital pour l’aider à tenir le plus possible pour que notre fils ne pointe pas trop vite le bout de son nez, j’étais là pour entendre les battements de cœur de notre petit ange, j’étais là lors de là césarienne de ma compagne, j’étais là lorsque notre fils a pleuré pour la première fois, j’étais là lors de ses premiers soins, je suis allée le voir tous les jours en néonat, parfois plusieurs fois, je suis là lorsqu’il pleure là nuit, j’ai reçu ses premiers sourires, je pars tous les jours travailler pour lui offrir le meilleur, il se blottit dans mon cou lorsqu’ il a mal et… Je l’aime d’un amour infini…Mais je vis la peur vrillée au ventre… J’ai eu peur lorsque ma compagne est tombée malade ; j’ai eu peur pendant sa césarienne de là perdre et de me voir enlever ce fils que j’aime ; j’ai peur chaque jour car s‘il arrive quelque chose à ma compagne qui protégera notre fils pour qu’il reste avec moi? Qui lui expliquera que je ne suis rien pour lui? Vous, les biens pensants, irez-vous lui dire pourquoi il ne peut pas rester avec celle qui a toujours été là pour lui? Irez-vous lui expliquer pourquoi ce ne sont pas mes bras qui le serrent, mes baisers qui le rassurent, ma voix qui lui inventent des berceuses…? Malgré tout cela, je suis sa mère, il est mon fils… Notre fils et c’est ma famille!

 

Chris

Témoignage d’Herveline (35)

15 Jan

Je suis la maman « sociale » d’une petite fille de 6 ans et demi, mon petit trésor pour qui je donnerais tout, son bonheur passe bien avant le mien… Il n’est pas évident pour moi d’écrire ce témoignage car j’ai l’impression de devoir me justifier pour être reconnue en tant que mère alors que cela est tellement évident pour moi et mon entourage…

Moi et mon ex- compagne avons mûrement et longuement réfléchis avant de démarrer concrètement notre projet d’enfant. Avant cela je n’avais jamais réellement pensé qu’un jour je deviendrai maman mais cet amour avec cette femme était tellement fort que, pour la première fois, est né en moi ce désir de fonder une famille… Nous avions d’abord décidé que je porterai notre premier enfant mais après plusieurs IAD en Belgique, avec donneur inconnu, sans succès… nous avons décidé d’arrêter les frais et finalement ce serait ma compagne qui porterait notre enfant grâce au don généreux d’un de nos amis, ce qui nous a permis également de faire l’insémination en France de manière « artisanale »… Notre fille connait le donneur et sait que la petite graine vient de lui mais celui-ci n’a aucune autorité parentale vis à vis d’elle, c’est ce que nous avions convenu tous les 3 après de longues discussions… et ça ne pose aucun problème pour notre fille ! Elle sait qu’elle existe grâce à cette petite graine mais aussi grâce à l’amour de ses deux mamans, car oui elle est bel et bien le fruit de notre amour !

Ma fille je l’aime autant que si je l’avais portée… sa maman bio et moi sommes aujourd’hui séparées et nous avons mis en place une garde alternée. Nous nous entendons très bien et restons toujours une famille unie… Et je réalise à quel point j’ai de la chance car il serait simple pour mon ex compagne de me couper de ma fille puisque je ne suis rien pour ma fille selon la loi….. Et là dessus je n’ai aucune crainte je sais qu’elle ne fera jamais cela … Mais, car il y a un mais, nous ne sommes pas moi et ma fille à l’abri d’être un jour séparées s’il arrivait un grand malheur à sa maman bio… en effet si elle devait disparaître non seulement ce serait une chose horrible pour notre fille (et moi!!) mais, malgré le testament qu’elle a écrit pour que je devienne la tutrice légale de notre fille, elle pourrait aussi être privée de moi, son autre maman, si la famille de mon ex compagne demandait la garde… La mère de mon ex-compagne, n’accepte malheureusement pas l’homosexualité de sa fille et donc que je sois la mère de sa petite fille … ce qui veut dire que si elle le voulait, elle pourrait faire la demande d’avoir la garde de sa petite fille… et me couper d’elle … Je pense qu’elle aime assez sa petite fille pour ne pas en arriver là mais je n’ai aucune certitude… rien ne nous protège de cette éventualité… et je vis avec cette peur…

Herveline

 

 

Témoignage de Gwenaëlle (34)

15 Jan

Je suis en couple avec mon amie depuis bientôt 13 ans, nous nous sommes pacsées, nous avons toujours eu le désir d’avoir un bébé avec je pense toutes les questions des couples homos : comment cela va être pris dans la famille, chez la nounou, à l’école, quand elle grandira, si elle veut savoir qui est son papa, si elle nous rejette… et puis on a pris rendez vous en Belgique où l’insémination artificielle a marché du premier coup pour nous (beaucoup de chance) faisant notre joie.

Nous avons fait un testament disant que si mon amie venait à décéder, elle voulait que j’ai la garde de notre fille. Le notaire nous a répondu que « NORMALEMENT » les dernières volontés étaient respectées mais que ‘il y avait une demande de la famille génétique, je pouvais ne pas en avoir la garde. Cela nous a coûté 300€ sans certitudes pour le coup.

Lorsque notre puce, qui a 2 ans et demi maintenant est née, on nous a annoncé de ne pas nous inquiétées mais qu’elle avait un angiome sur le visage, certes il n’est qu’esthétique, mais à cet instant les questions d’homoparentalité ont disparu pour laisser place aux mêmes questions mais concernant son angiome et je me suis dit : « en fait le souci, ce n’est pas notre situation ou notre orientation sexuelle, c’est le regard des gens face aux différences ». Si les gens s’occupaient de balayer devant leur porte avant d’aller devant celle du voisin, je pense que nous n’aurions même pas besoin de témoigner sur ce sujet car nos enfants ne vivent pas plus mal que Pierre, Paul ou Jacques. Ce qui blessera le plus tous ces enfants ce ne sera pas nous PARENTS, ce sera les regards, les réflexions des gens non ouverts d’esprits car ils auront l’impression d’être jugés comme nous nous le sommes.

J’aime ma fille, même si je ne l’ai pas portée,  je l’ai désirée autant que sa maman génétique, j’ai accompagné mon amie tout au long de l’insémination et de sa grossesse, je participe à l’éducation de ma fille, je m’occupe d’elle comme un parent de « couple normal », je donnerai ma vie pour elle, je ne souhaite que son bonheur, elle a des manières de faire qui me ressemble, j’ai souvent le droit à des câlins plus gros que sa maman biologique…. Si mon amie venait à me quitter ou disparaître et que l’on ne me laissait plus la voir et partager tous ces moments de bonheur avec elle, ce serait comme si on m’enlevait tout.

Je souhaiterais pouvoir l’adopter pour pouvoir faire toutes les démarches administratives seule si besoin, aller la chercher à l’école sans devoir avoir une autorisation de sa maman biologique, l’emmener à l’hôpital et prendre des décisions urgentes si jamais un jour il y avait besoin et le plus important pour elle je voudrais simplement la reconnaitre comme ma fille car je suis sa deuxième maman.

Quand nous voyons tous les types de familles existants de nos jours, on se demande où est la normalité? Certaines ont des droits, d’autres pas, nous ne sommes pas reconnues comme famille, ni comme parent isolé, nous n’existons pas alors que pour l’enfant nous sommes là et nous voulons l’être tout au long de son apprentissage de la vie.

 

J’ai voté pour que la France change mais est-elle simplement prête à changer? Moi j’y crois encore.

 

Gwenaëlle

 

 

Témoignage de Katell (33)

14 Jan

Il nous aura fallu 3 ans et 11 essais…Un parcours PMA en France? non….. pour nous citoyennes de « seconde zone », un parcours PMA en Belgique….

3 ans d’espoirs, de désespoirs, d’aller-retour St Nazaire-Bruxelles pour enfin pouvoir tenir NOTRE bébé dans NOS bras.

3 ans où nous nous sommes projetées en tant que futurs parents de NOTRE enfant.

Le 31/12/11 nous avons enfin pu tenir le fruit de NOTRE amour, de NOTRE projet parental.

Et aujourd’hui…….

NOTRE fils a aujourd’hui 1 an. Nous avons voté le 06/05/12 pour que les choses changent, pour qu’aucun couple n’ait plus à vivre la même chose que nous, pour que ma compagne soit reconnue en tant que parent de NOTRE enfant que nous avons tellement espéré, à 2…. Pour que la place qu’elle occupe auprès de lui soit reconnue et protégée, pour que nous soyons considérées comme tous les autres parents qui aiment et éduquent leur enfant au quotidien.

Alors Messieurs les députés, avez vous l’impression que nous demandons la lune? Ou juste des droits (légitimes!) qui protègent nos enfants et nos compagnes??

Je suis fière de la famille que nous avons fondée malgré les nombreux obstacles rencontrés. J’espère que vous aurez le courage de défendre tous les engagements que vous avez pris à notre égard pendant la campagne présidentielle et qui nous ont fait tant espérer!

 

Katell (pour Magali et Achille)

 

Témoignage de Karine (32)

14 Jan

Je suis Karine, maman de Vassili et Siloë avec ma compagne Elodie.

Si on nous croise dans la rue, on peut attribuer la mise au monde de ces 2 blondinets à Elodie, et pourtant nous avons chacune porté un enfant.

Dans notre vie quotidienne, ils sont frère et sœur, ils ont tous les 2 leurs grands-parents maternelles… et maternelles, qui les considèrent comme tous leurs autres petits-enfants l’un et l’autre sans distinction, idem pour les oncles et tantes, et pour les cousins et cousines.

Ils ont une grande famille et s’y épanouissent. A l’école ils sont frère et sœur pour tous les autres enfants, pour les enseignants aussi.

 Bref, témoignage d’une famille classique, normale, affreusement banale ! Et pourtant, si je devais disparaitre demain, ou Elodie, ou les 2, qu’adviendrait-il de nos enfants ? Aujourd’hui nous avons chacune un livret de famille, avec dessus 1 enfant, le « biologique » a pris le pas sur l’amour et c’est ce qui est aujourd’hui reconnu aux yeux de la loi, lorsque tous les yeux bienveillants qui nous entourent voient bien pourtant une famille…

 Alors oui aujourd’hui nous avons placé beaucoup d’espoirs dans ce gouvernement qui a promis le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels (appelons un chat un chat !), et des élus locaux engagés me font croire que cela ira encore plus loin, des gens comme Marie-Françoise Clergeau, députée, Michelle Meunier, sénatrice, et bien d’autre encore pour qui Liberté, Egalité et Fraternité ne sont pas là que pour faire joli mais ont bien un sens.

 Ma famille existe, n’en déplaise à celles et ceux qui ne l’aiment pas, elle a juste besoin d’être protégée comme toutes les familles, et gageons que 2013 nous apportera cette Egalité.

 

Karine

 

Témoignage de Zina (31)

14 Jan

Ma compagne, avec qui je suis depuis maintenant 11 ans, a porté notre 1ère enfant, je vous passe le détail des démarches qu’il nous a fallu entreprendre au niveau de la PMA en Belgique, mais cela a été long, et parfois très anxiogène.

2 ans après nos premières démarches, le test pipi a révélé « enceinte », nous étions si heureuses, enfin on allait être parents, devenir une famille ! J’ai vécu cette grossesse de manière heureuse, parfois anxieuse pour notre bébé, mais il m’arrivait aussi parfois de me demander si j’allais aimer notre fille autant que ma compagne puisque ça n’est pas moi qui la portais.

Puis le jour de la naissance arrive, ma compagne a du subir une césarienne sous anesthésie générale, du coup, je n’ai pas eu le droit d’assister à la naissance de notre fille. J’ai du attendre dans l’unité naissance et de temps en temps j’entendais les cris d’un bébé qui venait de naître. Puis à un moment j’ai de nouveau entendu les cris d’un bébé et je ne saurais l’expliquer mais je savais que c’était MON bébé qui arrivait. Une sage-femme est venue me voir avec un petit bébé dans les bras, j’ai regardé ce bébé et à l’instant où j’ai croisé son regard, j’ai su que c’était MA fille, l’être le plus important de ma vie, que je la protègerai du mieux que je pourrai contre les aléas de la vie mais aussi contre la méchanceté et la bêtise humaine. On lui transmettrait des valeurs humaines auxquelles nous croyons profondément, des principes, afin de faire d’elle une adulte heureuse et réfléchi.

A partir de ce moment là, je ne me suis plus jamais posé la question concernant mon degré d’amour pour elle, il est infini, indéfinissable, je l’aime plus que tout.

Je sais très bien intellectuellement qu’elle n’est pas issue de mes gènes mais pourtant je l’aime comme si elle était ma propre chaire.

Si je suis si catégorique sur mon ressenti c’est tout simplement parce-que depuis nous avons eu notre 2ème enfant, et que cette fois-ci c’est moi qui l’ai mise au monde.  Et bien j’aime mes deux enfants exactement de la même façon, je ne ressens pas plus d’amour pour notre bébé qui a 6 mois que pour notre grande fille qui a 5 ans et demi.

Elles sont ma vie, ma chair, toutes les deux !

Et je suis certaine que ma compagne ressent exactement la même chose, ce sont SES filles, les amours de sa vie.

Nous formons à nous quatre une très belle famille, aux dires-mêmes de notre fille aînée et de beaucoup de gens autour de nous, famille, amis, collègues, parents d’élèves…

Pourtant certaines personnes qui ne nous connaissent absolument pas s’acharnent à nous empêcher d’en être une l également soit disant dans l’intérêt des enfants ! Foutaises !

L’intérêt des enfants c’est que leur famille soit protégée, qu’eux-mêmes soient protégés.

Si l’une de nous deux mourrait avant les 18 ans de nos filles, alors toute la vie des filles basculerait dans un véritable cauchemar. Non seulement elles auront perdu une de leurs mamans mais en plus un juge pourrait enlever à celle qui a perdu sa maman « biologique », sa  2ème maman et la séparer de sa sœur puisque légalement elles ne le sont pas! Allez dire à notre fille aînée qu’elles ne sont pas sœurs, vous allez être servi! Et même si notre bébé ne peut pas encore parler, il ne fait aucun doute quant à son amour pour sa grande sœur, dès qu’elle la voit, elle n’a de yeux que pour elle, lui fait des énormes sourires et lui « parle » à sa façon bien sur.

Alors pour le bonheur de nos filles, leur protection, nous descendrons dans la rue autant de fois qu’il sera nécessaire pour réclamer l’égalité, pour combattre l’homophobie, et pour affirmer à nos filles qu’elles n’ont pas à avoir honte de leur famille, qu’elles ont bien raison de penser que nous sommes une TRES BELLE FAMILLE.

 

Zina

 

Témoignage de Sandrine (9)

14 Jan

Je m’appelle Sandrine et ma compagne Odile. Nous sommes pacsées et vivons ensemble depuis plusieurs années.

Depuis septembre 2010, nous avons entamé notre parcours en Belgique afin d’être aidées pour avoir notre enfant et devenir parents.

Nous avons procédé à 9 IAD et 1 FIV qui ont toutes échoué. Ces échecs sont très difficiles à vivre normalement mais sont accentués par toutes les difficultés que nous rencontrons parallèlement dues à notre statut d’homosexuelles. Néanmoins, malgré les kilomètres à parcourir, malgré les examens à faire en dernière minute et la course aux ordonnances qui s’en suivent, malgré l’épuisement physique dû au traitement, malgré l’épuisement psychologique à devoir faire face à tous ces obstacles dont nous pourrions être soulagées si notre pays nous reconnaissait, malgré les mensonges que nous devons dire à nos employeurs pour justifier nos absences de dernière minute car nous ne pouvons pas leur dire la vérité sans prendre le risque de nous dévoiler et de nuire à notre carrière professionnelle, malgré les frais engagés non remboursés qui entament durement nos économies, malgré tout cela, nous sommes en route pour notre seconde FIV.

Nous sommes plus motivées que jamais grâce à l’équipe médicale Belge qui nous suit et que nous remercions de tout cœur de nous considérer comme un couple à part entière alors que nous ne sommes même pas mariées,

Merci d’avoir considéré avant tout l’amour que nous nous portions et notre désir d’enfant, plutôt que notre orientation sexuelle,

Merci pour votre tolérance, votre compréhension, votre complicité et votre gentillesse à nous encourager,

Merci de ne pas nous juger,

Merci du fond du cœur de nous permettre d’être nous-mêmes et de réaliser notre rêve,

Merci de nous accepter telles que nous sommes et à défaut de l’être dans notre propre pays.

 

Sandrine

 

Témoignage de Marie (8)

14 Jan

Une 1ère rencontre, il y a 8 ans et demi, d’abord un baiser échangé timidement parce que ça ne se fait pas deux filles ensemble… Puis un 2ème, puis s’assumer, accepter, faire accepter, vivre ensemble et avoir des projets communs.  Des projets de plus en plus ambitieux, mais que l’on regarde parfois de loin. Tout ce que j’imaginais avec un homme, en aurais-je le droit ? Aurais-je le droit de faire ce sur quoi tous les contes de fées concluent ? Être heureuses et avoir des tas d’enfants ?

D’accord, pour le prince charmant, on repassera… Mais une princesse charmante a tout autant d’atouts !

Et puis les projets nous rattrapent et prennent de l’ampleur, notre « nous » se concrétise, se solidifie. Finalement nous optons pour un parcours « classique » ; comme tout couple lambda, nous aspirons à un foyer, et y fonder une famille.  Voir des bambins courir dans la maison, les élever ensemble. Avoir le droit de vivre ça, de s’engueuler ensemble à propos de la couleur de la chambre de bébé, veiller des nuits entières auprès de son enfant malade, avoir peur pour lui lors de sa 1ère rentrée, se faire traiter de vieilles chouettes quand il aura 15 ans… Pourquoi ne serait-ce qu’un privilège d’hétéro ?

Un parcours classique dans la tête oui, mais dans la réalité un peu plus compliqué. Etudier la question dans un monde tellement culpabilisant… Devoir parfois se justifier,  dans ce choix si égoïste de vouloir un enfant qui sera malheureux quoiqu’il arrive parce qu’il va naître dans une famille différente. Mais c’est ce regard là qui nous rend différentes…

Depuis quand vouloir un enfant n’est pas un acte égoïste ? Ce prolongement de soi, voir un petit être nous appeler maman, aimer et être aimée…

Et puis on passe le pas, d’abord on n’en parle à personne, de peur d’avoir de la pression de la part de nos proches, et de devoir expliquer nos démarches, les allers-retours en Belgique, les espoirs, les désillusions… Et puis un beau jour, c’est le bon, le test est positif et le ventre s’arrondit autant que nos yeux brillent et nos mains deviennent fébriles… Nous allons être parents !

Et puis la chance d’avoir une famille (presque) totalement derrière nous, à ne pas juger, à nous regarder réellement comme un couple qui souhaite fonder une famille.

Parfois des repères difficiles à trouver dans le couple. Pour la femme enceinte, c’est facile de se représenter, d’assumer le regard des autres et d’avoir une place sociale connue et reconnue. Mais pour celle qui accompagne, celle qui n’est pas le père, n’aura pas de liens biologiques avec cet enfant, aux yeux de ces autres, elle ne ressemble pas à ces futurs papa qui bricolent et retapent la chambre de leurs mains ou se ruent chez le concessionnaire acheter une nouvelle voiture plus grosse… Pourtant ce sont ces mêmes mains qui frôlent la peau, qui ressentent exclusivement les premiers mouvements, qui partagent cette intimité et crée un lien avec son futur enfant. C’est elle qui accompagne, qui vit, subit parfois, répond à certaines exigences de la femme enceinte… Qui emmène à la maternité et coupe le cordon…

Elle est une maman qui n’aura pas été enceinte. Pas simple…

Etre une famille homoparentale, c’est donc tout un schéma à créer, à s’approprier à défaut de pouvoir être reconnu par tous ces gens qui jugent, qui osent interdire à un couple épanoui et prêt (il le faut pour pouvoir emprunter ce parcours…) à être parent. C’est à la fois déroutant et excitant.

D’un point de vue médical, tous les professionnels que l’on a rencontrés en Belgique et en France ne nous ont JAMAIS jugées, nous ne sommes jamais senties différentes, et ils ont accepté sans aucun sous entendu ou mise à distance notre relation. Les échographies, les consultations, la préparation à l’accouchement… Nous ne sommes apparemment pas les premières et ne seront évidemment pas les dernières, même dans notre petite maternité, à être 2 femmes, prêtes à donner la vie, sans mensonge, avec pudeur et avec cette même envie que n’importe quel couple !

Alors, qu’attend-on…

Dans quelques jours, nous serons 3. Alors, oui, nous serons comblées et ravies. Comme un couple hétéro, ce sera le plus beau jour de notre vie. Comme un couple hétéro, nous recevrons famille et amis pour fêter l’arrivée de notre bébé. Comme un couple hétéro, nous élèverons cet enfant avec les valeurs qui nous semblent justes et qui nous correspondent. Mais par contre, parce que nous sommes homos, le livret de famille ne comportera que mon nom. Parce que nous sommes homos, il faudra expliquer notre situation, affronter les regards.  Parce que nous sommes homos, nous n’aurons pas les mêmes droits, bien que nous ayons les mêmes devoirs : assurer la sécurité physique et morale de notre enfant, celui que nous avons fait ensemble, l’aimer, le protéger et le faire grandir du mieux que l’on pourra… Comme dans toutes les familles.

 

Marie