Nous nous sommes battues pendant 4 ans pour avoir un enfant parce qu’aller en Belgique est une démarche qui prend du temps ; d’une part il y a l’attente car il y a peu de donneurs belges, d’autres pays sont donc sollicités (le Danemark en l’occurrence). D’autre part il y a les examens quotidiens (prise de sang, échographie) avant le départ et puis il y a le trajet en lui-même : cela demande une organisation par rapport aux employeurs qui n’est pas toujours aisée…
C’est une démarche épuisante et onéreuse et il faut beaucoup de force et de détermination pour ne pas abandonner. Il aurait été si simple que cela puisse se faire en France avec les remboursement des frais médicaux…nous avons effectué environ 15 aller-retours (660 km minimum avec une nuit sur place parfois selon l’heure de l’insémination), nous ignorons combien d’argent nous avons dépensé exactement car nous avons dû changer de centre de PMA, le premier ayant fermé pour un contrôle…Nous avons essuyé des revers, des contretemps indépendants de notre volonté, et nous avons perdu des forces et de l’espoir dans les échecs, nous avons vécu au rythme des cycles ovariens, des inséminations et de l’attente des résultats sans être en capacité d’ anticiper aucun autre projet. Maintenant nous soulignons tout de même la chance d’avoir pu accéder à notre projet grâce à l’étranger. Je porterai toujours la Belgique dans mon cœur.
La 1ère FIV a marché ! Nous avons vécu la grossesse étape par étape, ne parvenant vraiment à nous réjouir que lors de la 2e échographie, lorsque le risque de fausse couche était écarté et qu’aucune anomalie n’avait été détectée.
Lou est là depuis le12 novembre 2012, et nous continuons à nous battre pour elle.
J’ai obtenu des jours équivalents à un congé « paternité » avant que des décrets ne soient faits en ce sens, le règlement intérieur de mon institution a été modifié aussi en ce sens. Mon comité d’entreprise m’a attribuée des prestations pour la naissance de ma fille et pour Noël et me reconnaît ainsi comme un parent à part entière.
Ma compagne a demandé au Juge aux affaires familiales un partage de l’autorité parentale à mon égard pour notre fille
Etant fonctionnaire, j’ai demandé un temps partiel de droit à mon employeur, et j’ignore s’il va être accepté, j’ignore également si la CAF va m’accorder l’allocation pour le complément libre choix d’activité…
Nous avons rédigé un testament manuscrit mais nous savons qu’il n’a pas de valeur juridique en cas de décès de ma conjointe, tout comme en cas de mon décès, à l’heure actuelle, rien ne reviendrait à ma fille…
Je veux protéger ma famille, je veux me marier avec la femme que j’aime depuis 13 ans, je veux adopter ma fille.
Je continuerai à me battre pour atteindre cette égalité pour l’amour que nous nous portons.
Je précise que nous avons été encouragées et soutenues par l’ensemble du corps médical aussi bien en France qu’en Belgique, et également lors du séjour à la maternité. Le médecin qui a pratiqué la césarienne est venue me voir pour me féliciter et me donner des nouvelles de ma femme…
La seule personne hostile a été la sage femme pendant les cours de préparation à l’accouchement qui m’a complètement ignorée.
Finalement je me dis qu’elle fait partie de cette minorité de la population française, enfin je me rassure comme ça car j’espère que les lois vont me reconnaître comme son parent légitime car même si je ne l’ai ni conçue, ni portée :
J’ai porté Lou dans mon cœur, dans mes rêves et à travers les yeux de ma femme.
J’ai posé ma main sur son ventre et j’ai senti ses premiers petits coups …
Je l’ai portée psychiquement pendant 9 mois, et dès ses premières heures de vie je l’ai rassurée alors qu’elle pleurait.
C’est moi qui la porte aujourd’hui pour la calmer du fait de l’allaitement et je n’ai aucun droit sur elle alors que j’en assume la charge et que j’en suis responsable avec ma femme et surtout que je l’aime de plus profond de mon être.
Le prénom Lou a deux étymologies : « illustre au combat » (germanique) et « lumière » (celtique)
Jennifer