Pas un jour ne passe sans que je pense à Gabriel.
Des pensées, la torture de l’esprit, de la colère, des doutes, du désespoir, l’abandon, l’impression d’avoir touché le fond mais parfois des lueurs d’espoir surviennent grâce aux soutiens de mes proches, c’est ces millions de pensées qui ont parcourues ma tête pendant pratiquement 3 ans de combat.
Un combat, c’est bien ce mot qu’il faut employer lorsque l’on fait fasse à la justice.
Cette promesse faite à mon fils la dernière fois que je l’ai vu en mai 2016, c’est à cette promesse que je me suis accrochée durant ces années de souffrance et d’éloignement, cette promesse qu’un jour nous serions à nouveau réunis et que je ne l’oublierai jamais.
Aurélie et moi avons vécu une magnifique histoire d’amour, ce qui nous a donné l’envie à toutes les 2 d’être parents et de fonder notre propre famille.
Comme en France, la PMA n’est pas autorisée pour les couples de femmes, nous nous sommes rendues en Belgique avec ce projet murement réfléchi d’être parents. J’ai subi 3 inséminations en vain. J’ai été déçue de ces 3 échecs et j’ai demandé à ma conjointe d’essayer, parce que pour moi, le fait d’être parent ne signifiait pas forcément de porter notre enfant. Aurélie étant d’accord, elle a donc subi quelques temps après une première insémination qui a été concluante de suite ! Quelle chance !
Nous étions folles de bonheur ! Nous allions être Parents !
Comme tous futurs parents, les préparatifs ont débutés. La décoration de la chambre, les vêtements, les accessoires, nous avons absolument tout partagé ensemble. Je l’ai accompagné à chaque rendez vous gynécologiques, chaque écographie, j’ai été présente et aux petits soins pour ma compagne durant toute sa grossesse.
Nous avons décidé de nous marier avant l’arrivée de Gabriel, pour que je puisse l’adopter dès sa naissance, pour une reconnaissance légale. Nous nous sommes mariées le 18 avril 2015 et Gabriel est né le 26 juillet 2015.
J’ai alors entrepris les démarches d’adoption. Nous avons eu le 1er Rdv chez le notaire pour le consentement à l’adoption par Aurélie à la fin du mois d’août 2015. J’ai retiré le dossier d’adoption et entrepris de le compléter en novembre 2015. Nous avons eu ensuite le 2ème Rdv chez le notaire à la fin du mois de janvier 2016, pour le certificat de non rétractation au consentement à l’adoption.
Le dossier étant complet, je l’ai envoyé au début du mois de février 2016.
La procédure d’adoption devait avoir lieu le 7 avril 2016 au TGI de Valenciennes.
Entre temps, notre relation de couple s’est dégradée. Elle avait beaucoup de mal à supporter que j’avais plus souvent Gabriel qu’elle du fait de ma situation professionnelle. Elle en devenait jalouse et agressive envers moi, si Gabriel me souriait plus. La situation s’est vite envenimée après la naissance de notre fils. Elle m’a quitté courant du mois de mars 2016, soit 7 mois après la naissance de Gabriel.
C’est alors que mon combat a commencé …
Dès notre rupture, elle m’avait promis que je continuerai à voir Gabriel, ce qui fût bien évidemment un leurre. Parce que le lendemain de la décision de rompre, elle adressait un courrier recommandé au procureur de la république pour se rétracter sur son consentement à l’adoption.
J’ai pris rendez vous chez une avocate quelques jours après notre rupture pour expliquer ma situation et surtout pour qu’elle me représente et me défende à l’audience d’adoption qui arrivait quelques semaines après.
Je n’ai malheureusement pas eu gain de cause pour l’adoption car la seule rétractation de la mère biologique prédominait sur tout le reste.
Après ce jour du 7 avril 2016, je n’ai plus eu le droit de voir mon fils sur sa seule décision.
J’ai donc entrepris avec mon avocate de saisir le juge des affaires familiales dans le but d’obtenir un droit de visite légal en août 2016.
Durant cette attente, j’étais anéantie par la douleur de ne plus voir mon bébé de 8mois. La souffrance de ne plus rien être, d’être privée de mon fils, mon bébé.
Je n’étais plus autorisée à rentrer à la crèche où j’y déposais mon fils des mois en arrière. Et puis un jour, j’ai insisté pour y rentrer, c’était le 18 mai 2016, cela faisait plus d’1 mois et demi que j’étais empêchée de voir mon fils, et les employées ont finalement cédé à ma requête, de seulement serrer ne serait ce que 10 min Gabriel dans mes bras. Ce sentiment d’impuissance, cette horrible douleur qui me dévorait les entrailles, ce moment a été le plus difficile de toute ma vie, j’ai pleuré, j’ai versé un océan de larmes mais je lui ai promis ce jour, que jamais je ne l’abandonnerai !
Après des mois et des mois d’attente, pratiquement 2 ans, le TGI de Valenciennes m’a octroyé un droit de visite en février 2018, des visites progressives et médiatisées en lieu neutre sur Villeurbanne. Parce qu’entre temps, mon ex-femme avait déménagé avec notre fils à côté de Lyon, à plus de 650km de notre domicile.
J’ai donc fait mon 1er déplacement, au lieu neutre de Villeurbanne le 12 juin 2018 pour une visite d’une heure. Et j’ai revu mon petit garçon de 2ans et 11mois. Elle été partie avec un bébé de 10mois, et je le retrouvais âgé de presque 3 ans.
L’émotion m’a submergeait ce jour là. Je pouvais enfin mettre un visage d’enfant dans ma tête et non plus celle d’un bébé. Je pensais qu’enfin nous allions pouvoir retisser des liens, mais je ne l’ai vu qu’une seule fois, car les autres visites, elle ne s’est plus présentée. J’ai appris par la suite qu’elle avait encore déménagé et ce à plus de 720 km de chez moi, toujours plus loin.
Entre temps Aurélie a fait appel de la décision de 1ère instance.
Après 2 visites infructueuses, mon avocate à fait un rapport d’incident au TGI, mais qui n’a pas statuée et se retranchant derrière l’audience de la Cour d’Appel qui devait définitivement clore le dossier.
L’audience a eu lieu le 6 février 2019, avec un délibéré le 28 février 2019.
La Cour d’Appel, m’a octroyé un droit de visite progressif et non médiatisé. Un weekend sur 2 jusqu’aux vacances estivales, et ensuite je pourrai avoir mon fils 1 semaine à chaque vacances scolaires.
Je suis descendue la 1ère fois le 9 et 10 mars, et j’ai enfin pu passer du temps avec mon fils. Il ne me connait plus, il ne savait même pas qui je suis .. Mais nous avons toute la vie maintenant pour apprendre à nous connaître, pour retisser des liens forts et durables. Gabriel est âgé de 3 et demi, c’est un petit garçon formidable et adorable. Il a le droit de savoir d’où il vient, ses origines, et de connaître enfin ses 2 parents.
Le fait d’être parent, ce n’est pas simplement le lien biologique mais le plus important c’est l’amour inconditionnel qu’on porte à son enfant. Parce que je l’aime plus que tout au monde et il pourra toujours compter sur moi.
J’espère qu’un jour la Loi française évoluera pour permettre à toutes ces mères de ne plus jamais être privées de leurs enfants.
Cette situation inégale dont certaines abusent lors d’un conflit pour priver l’autre de tout lien avec son enfant ne devrait plus exister.
J’espère redonner du courage et de l’espoir à toutes celles qui se battent pour continuer à maintenir une relation avec leur enfant.
Hélène
Étiquettes : Adoption, Famille homoparentale, séparation
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