Publié le 26 janvier 2014:
Je m’appelle Anne. Je suis mariée à Marie depuis le 9 novembre 2013. Bien sûr nous nous sommes mariées par amour, mais surtout, nous nous sommes mariées pour que je puisse adopter Théophile, 3 ans, issu de mes gènes et porté par ma compagne. Pour nous, le mariage était le premier acte de cette adoption, de ce nouveau parcours du combattant. C’était une fête très réussie, remplie d’amour, de bonne humeur et surtout d’espoir…
En 2012, nous avions tenté de demander une DAP (délégation d’autorité parentale) à la justice. Elle ne nous avait pas été accordée par le TGI de Versailles dont nous dépendons. Je m’étais entendue dire que j’avais le même rôle qu’une nounou, à qui personne n’accorde d’autorité parentale, et qui assure pourtant les mêmes actes que moi auprès des enfants. En tant que maman, cette phrase restera gravée en moi pour le restant de mes jours.
Cet enfant, nous l’avons voulu, nous l’avons attendu pendant 4 ans. Quatre années durant lesquelles nous avons vécu au rythme des prises de sang à 7h du matin, l’angoisse d’arriver en retard au travail, l’angoisse aussi de demander des jours de congés au dernier moment pour nous rendre en Belgique, la crainte d’être « découvertes » par la sécurité sociale, la crainte que notre gynéco soit ennuyé et ne veuille plus nous suivre, la crainte à chaque instant clandestin… Et la douleur… La douleur à chaque insémination, la douleur liée aux fécondations in vitro, la douleur de chaque échec… Et l’espoir… L’espoir de fonder une famille avec celle que j’aimais, l’espoir quand je lui ai dit d’essayer de porter mes embryons puisqu’en moi ils ne voulaient pas se développer… Ce bonheur quand le test de grossesse a affiché positif et que c’est moi qui l’ai vu en premier… Ces larmes lors de la première échographie, lorsque ce petit haricot s’est mis à avoir un cœur qui battait tellement plus vite encore que le nôtre… J’ai été là tout le temps. J’ai repeint la chambre de notre enfant, je lui ai acheté ses habits premiers âge, j’ai porté les sacs de courses pour que ma compagne ne se fatigue pas trop, j’ai compté les jours, les semaines de grossesse, je les ai cochées sur mon calendrier, j’ai écrit au jour le jour pour me souvenir de tout…
Théophile est né par césarienne en urgence, j’étais là lors des premiers soins, je l’ai apaisé au son de ma voix, j’ai donné le premier biberon, j’ai été là toute la semaine à la maternité, tous les jours, et la nuit je rentrais pour faire des lessives et rapporter du linge propre le lendemain matin à la première heure… C’est moi qui ai prévenu la famille, les amis, de la naissance, c’est moi qui ai envoyé les premières photos, c’est moi qui suis allée le déclarer à la Mairie, accompagnée de ma petite soeur… Un bonheur si intense que personne ne pourrait le décrire.
L’enfant a grandi, il s’est mis à marcher, à parler, il m’appelle Maman Nanoue, il appelle ma compagne Maman Mayé… Je le console quand il se fait mal, je lui prépare de bons petits plats, je l’emmène chez le pédiatre quand il est malade, je vais le chercher à la crèche le soir, je lui donne son bain, je perds un temps fou à la pharmacie pour trouver pour lui une bouteille de bain moussant qui convienne à sa peau fragile, il appelle mes parents Papy et Mamie, mes sœurs Tata, c’est mon fils.
Trois ans plus tard, j’en suis là. Je dois adopter mon propre fils.
Nous avons tellement l’habitude de devoir galérer que cela ne me semble qu’une étape de plus dans notre parcours. Presque comme si c’était normal de devoir subir cela. Nous nous renseignons donc avec pragmatisme sur la procédure. Comment devenir légalement la maman de mon enfant ? Comment faire pour que je ne sois plus un « tiers » pour lui aux yeux de la loi ? Pour que plus personne, jamais, ne puisse me séparer de lui, ne puisse le séparer de moi ? Pour qu’il puisse, aussi, hériter de moi, de mes parents, tout comme les enfants que mes sœurs auront ? Comment faire pour officialiser mes devoirs envers lui, pour que ma compagne ne puisse jamais se retrouver seule à élever cet enfant que nous avons tellement voulu à deux si jamais la vie nous séparait ? C’est bizarre de penser à ces éventualités alors qu’on parle de se marier, mais les circonstances font que nous sommes obligées de les évoquer…
Après le mariage, nous avons donc pris rendez-vous avec un notaire pour constituer la première pièce du dossier (le consentement de ma compagne à l’adoption de son enfant par son conjoint), qui nous avait été conseillé par une amie.
Le premier rendez-vous eu lieu le 18 décembre 2013. Nous avons fait garder Théophile par une amie et nous sommes rendues toutes les deux en plein Paris pour un rendez-vous d’environ ¾ d’heure. Ce notaire paraissait bien informé de la procédure, et nous a expliqué que l’adoption plénière était irrévocable, et qu’il était de son devoir de nous en informer, de nous dire qu’il fallait bien y réfléchir, car si demain nous devions nous séparer, après l’adoption nous serions à égalité devant la loi. Cela tombe bien, c’est exactement ce que nous souhaitons !
Le notaire nous a alors proposé de rédiger ce consentement à l’adoption, puis de nous donner un nouveau rendez-vous pour le signer, le 30 décembre. Lorsque nous lui avons dit que nous dépendions du TGI de Versailles, il a eu un air dépité, et nous a dit alors : « Oh là là, Versailles, ils sont réputés très conservateurs, j’espère que vous l’obtiendrez quand même… Et puis vous ne pouvez pas vous faire domicilier ailleurs, ce serait une faute… » Ce genre de remarque, on ne peut pas dire que cela donne du baume au cœur… Nous craignons en effet beaucoup ce TGI, parce que nous y avons déjà subi une défaite, et nous avions déjà compris à ce moment-là que l’égalité de traitement n’existait pas d’un TGI à l’autre. Nous avons donc la malchance de déposer notre requête au mauvais endroit, sans possibilité d’en changer…
Le 30 décembre, nous sommes retournées chez le notaire, avons signé le consentement à l’adoption (et nous sommes délestées de 250 euros au passage…), et avons également remis au notaire une « tutelle testamentaire », expliquant qu’en cas de décès de ma compagne, sa volonté est que Théophile puisse rester avec moi. Ubuesque… Mon fils pourrait en effet m’être enlevé, parce que je ne suis pas sa mère. Pour le moment. Jusqu’à quand ?
Le sort de notre fils, de notre famille, dépend donc d’un procureur, d’un juge, du bon vouloir de l’administration… Cà et là, nous lisons des témoignages réconfortants. Certaines familles ont déjà obtenu l’adoption plénière, et leurs enfants ont donc deux parents, deux mamans, aux yeux de la loi. Leurs enfants sont protégés. Cela nous donne de l’espoir. Mais et nous ? Est-ce que nous aussi nous y aurons droit ? Est-ce qu’on me dira bientôt que je suis légalement la maman de mon fils, comme je le suis aux yeux de mes amis, ma famille, mes collègues, de ma compagne, à ses yeux à lui surtout ? Est-ce qu’on pourra bientôt souffler ?
Du haut de ses trois ans, Théophile pose des questions… C’est quoi un notaire ? Pourquoi on va le voir ? Pourquoi je dois lui dire : « Bonjour Maître ? » Nous lui expliquons qu’après le mariage, il faut faire une adoption. Il comprend, un peu, pas tout. Je lui dis que je veux être sa maman légalement, et que pour cela nous devons faire des papiers. Je lui dis que de toute façon quoi qu’il arrive, je suis sa maman. Que je le serai toujours. Qu’il est mon fils. Que bientôt, on les aura, ces papiers. Je le rassure.
Mais qui me rassure, moi ?
Anne
Publié le 3 janvier 2016
Il y a quelques mois, je publiais ici mon début de parcours pour adopter mon fils (témoignage numéro 6). Je vous ai laissés au moment où mon épouse signait le consentement à l’adoption de son fils par sa compagne (donc moi !) devant un notaire, fin décembre 2013.
Nous avons décidé de prendre une avocate, pour nous aider à constituer notre dossier. Afin de prouver aux magistrats que oui, je m’occupais bien de mon enfant. Que oui, j’étais bien sa maman aux yeux de tous, sauf aux yeux de la loi.
Nous avions une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes depuis la naissance de Théophile : que se passerait-il si ma chérie venait à disparaître ? Mon fils et moi pourrions être séparés ! Et s’il y avait une urgence médicale ? Je ne pourrais pas rester au chevet de mon enfant, ni même aller le chercher à l’hôpital sans l’accord de ma compagne ! Plus concrètement, je n’ai pas pu être « déléguée de parents d’élèves » à l’école, parce qu’il fallait avoir l’autorité parentale… celle que le TGI de Versailles m’avait refusée en 2012 ! J’étais sa maman, et pourtant, à chaque fois que je disais « mon fils », j’avais l’impression d’être une usurpatrice… Moi qui l’avais tant voulu, tant désiré, moi qui l’aimais de toutes mes forces…
Après notre échec devant le tribunal de grande instance (TGI) de Versailles en 2012, nous avons lâchement décidé de ne pas être les premières à déposer un dossier dans ce tribunal.
D’autres l’ont donc fait avant nous (bravo les filles, vraiment !). Malheureusement, nous avons appris fin avril 2014 que leur demande d’adoption avait été rejetée par le juge. Il a en effet argué que le recours à la procréation médicalement assistée, illégal en France pour les couples homosexuels, rendait l’adoption de l’enfant impossible. Les mamans auraient été coupables de « fraude à la loi ».
Devant cet échec, nous nous sommes senties assommées. Alors que dans d’autres juridictions, ces adoptions ne posaient pas de problème, chez nous, elles devenaient impossibles ! Nous avons même pensé à déménager, à louer un appartement ailleurs. Je me suis renseignée partout pour savoir si c’était envisageable, mais il a rapidement fallu se rendre à l’évidence : nous devions rester dans notre juridiction, sinon nous aurions commis une faute et l’adoption aurait été également compromise…
Un jour, pendant la sieste de Théophile, j’ai appelé une avocate. Mon fils s’est réveillé juste après que j’aie raccroché. Je précise qu’il dormait à l’étage supérieur et que j’avais téléphoné dans la pièce la plus éloignée de sa chambre, porte fermée…
Au réveil, il était en sueur, à tel point que j’ai dû le changer ! On est descendu et on a commencé à lire des livres. Je lui ai donné à boire, et tout à coup il s’est mis à pleurer, hurler, sans pouvoir s’arrêter. Il est « coutumier » de ces crises, et je sais qu’il y a toujours quelque chose derrière. Mais là, je ne voyais pas quoi… J’ai essayé de le réconforter. Il pleurait et hurlait : « Je n’arrive pas à être bien ! » et « J’ai mal ! ». Je lui demandais où il avait mal, je lui nommais même des parties du corps (la gorge, la tête, le ventre, le dos ?). Il disait qu’il ne savait pas, qu’il n’était pas bien et qu’il ne pouvait pas s’arrêter. Il gesticulait des bras et jambes en s’accrochant à moi et en pleurant.
J’ai tenté la musique, le sirop pour la toux, l’eau, la fenêtre ouverte pour avoir de l’air frais, les massages… Il pleurait, pleurait, pleurait, et disait qu’il ne pouvait pas se calmer. Je l’ai assis sur moi et j’ai dit : « C’est l’adoption ? » Il a respiré profondément et m’a dit : « Oui ». A-t-il entendu quelque chose quand je téléphonais ? Franchement, ça me parait improbable…
Je lui ai demandé s’il voulait que je lui explique. Il m’a dit que oui. Et j’ai parlé.
« Tu sais que pour faire un bébé, il faut une graine de monsieur et une graine de dame ? Et donc pour te faire, tu sais que maman et moi, nous sommes allées chercher une graine de monsieur à l’hôpital. Un monsieur qu’on ne connait pas mais qui a donné sa graine pour qu’on puisse t’avoir? »
Il m’a dit oui. Alors j’ai continué :
« Eh bien, il y a des gens qui pensent que, parce qu’on a fait ça et qu’on est deux mamans, on n’est pas une vraie famille. Pour qu’on soit une vraie famille dans la tête de ces gens-là, il faut qu’on ait un papier qui s’appelle l’adoption. Mais c’est juste un papier. Et ce sont des problèmes de grands.
Toi, tu es un petit garçon. Tu n’as pas à gérer les problèmes des grands. Toi, ton boulot de petit garçon, c’est de jouer, d’apprendre, d’aller à l’école, de faire des bêtises aussi un peu, mais pas de gérer les problèmes des grands. C’est maman et moi qui sommes inquiètes pour cette adoption, c’est vrai, mais ce n’est pas ton problème à toi.
Et tu sais, je vais te dire autre chose : ce n’est pas un problème très grave, parce que nous, on sait qu’on est une famille. On s’aime, on sera toujours tes deux mamans, on sera toujours là pour toi, et personne ne peut nous enlever ça. Tu le sais ? Nous on est une famille, quoi qu’il arrive, tu comprends ? J’aime ta maman Mayé, elle elle m’aime, toutes les deux on t’aime, et toi tu nous aimes. C’est ça qui compte, pas le reste. Et pour toute la famille, c’est pareil, avec les papys, les mamies, les tatas et les tontons… On est une famille, c’est ça qui est important, et ça c’est sûr, tu vois ? »
Il faisait oui avec la tête. Puis il m’a dit : « C’était ça qui me tracassait. » Je lui ai demandé : « Est-ce que ça va mieux maintenant ? » Et il m’a répondu : « Est-ce que j’ai loupé l’heure du goûter ? »
Vous en tirerez les conclusions que vous voulez, mais moi, ça m’a encore plus donné la rage. La rage de me battre pour mon fils et pour notre famille…
Les rebondissements ne se sont pas arrêtés là : en octobre 2014, saisie notamment par le TGI d’Avignon, la Cour de Cassation a émis un avis selon lequel, finalement, la PMA ne constituait pas une fraude à la loi. Elle n’était donc pas un obstacle pour les adoptions intra-familiales. L’espoir est revenu dans notre foyer… Et avec raison, puisque en décembre 2014, nous avons appris que des enfants avaient pu être adoptés par leurs mamans « sociales » dans notre juridiction versaillaise !
Nous avons alors constitué notre dossier, demandé des attestations à nos proches et réuni plus de vingt témoignages, tous plus adorables les uns que les autres, affirmant que nous étions une famille, que Théophile était un enfant heureux avec ses mamans, et qu’il était temps que je puisse l’adopter officiellement. Nous avons également joint des photos, de nous, de la famille élargie (grands-parents, arrières-grands-parents, oncles, tantes, cousins…), des photos qui respiraient le bonheur. C’était d’ailleurs bizarre de constituer une requête comme celle-là : à la fois humiliant de devoir demander des témoignages pour prouver que nous étions de bons parents, et très gratifiant de constater qu’en fait, les gens avaient une belle image de nous !
Fin janvier 2015, nous avons finalement déposé le dossier complet au tribunal, par l’intermédiaire de notre avocate. L’attente a commencé…
Fin avril, n’ayant aucune nouvelle de notre dossier, j’ai appelé notre avocate pour savoir si elle en avait (sait-on jamais, hein ?)… Elle s’est renseignée et a fini par obtenir l’info le jeudi 7 mai : le jugement était prévu le mardi suivant, soit le 12 mai ! Sans convocation à une audience, ce qui voulait dire qu’a priori, notre dossier allait passer sans problème ! J’ai su aussi que le parquet ne s’était pas opposé à la demande…
À ce moment-là, j’ai été tellement soulagée ! J’ai appelé tout de suite ma chérie au boulot pour le lui annoncer, j’ai appelé mes parents… C’était une vraie bonne nouvelle, comme on n’en avait pas eue depuis longtemps!
Le mardi 12 mai, j’ai pensé toute la journée à ce jugement. Je n’arrivais pas à me l’enlever de la tête, même si je savais que je ne saurais rien le jour-même…
Le lendemain matin, j’ai fait des pieds et des mains pour obtenir des infos, et l’avocate a fini par me dire que normalement, c’était bon ! J’ai essayé en vain d’appeler le tribunal… Finalement, je suis allée faire quelques courses en bas de chez moi, et quand je suis rentrée, le facteur était en train de distribuer le courrier.
J’ai attendu sagement, et il m’a dit, en me tendant une enveloppe de papier kraft : « Ah bah ça, ça doit être pour vous ! » Un recommandé avec accusé de réception et le tampon du TGI de Versailles dessus ! Autant dire que je ne m’attendais pas à le recevoir si vite !
En ouvrant l’enveloppe et en voyant écrit noir sur blanc que l’adoption était prononcée, j’ai éclaté en sanglots toute seule chez moi !
Puis je suis allée chercher mon fils à l’école, et je lui ai expliqué qu’enfin, on avait le papier pour l’adoption, que les tracas étaient finis et qu’on était bien reconnus comme une famille. Il m’a écoutée mais n’a rien montré de particulier…
En arrivant dans l’appartement, il a vu l’enveloppe et les papiers sur la table de la cuisine. Il m’a demandé : « C’est ça, les papiers ? » J’ai dit que oui. Alors, il a voulu que je lui lise. Puis il a dit : « Bon, je vais écrire mon nouveau nom ! » (En effet, il a changé de nom de famille avec cette adoption, puisque nous avons ajouté mon nom à celui de ma compagne). Je lui ai donné une feuille, il a écrit son prénom (en fait, il l’a écrit en rébus : T O fil ) et m’a demandé d’écrire son nom en entier (un peu dur, ça, encore !). Enfin il m’a dit : « On le met avec les papiers ! »
Affaire classée, en somme…
Un peu plus tard, pendant qu’il se lavait les mains avant de passer à table, il m’a dit : « Et tous ceux qui disent qu’on n’est pas une vraie famille… Eh ben, je vais leur envoyer le papier, moi ! »
Il nous restait alors à faire inscrire notre fils sur notre livret de famille commun, après avoir reçu son nouvel acte de naissance. Cet acte de naissance pouvait être modifié après que le TGI aurait envoyé les directives à la mairie de naissance de l’enfant, et bien sûr après les quinze jours de rétractation qui m’étaient octroyés, des fois que je veuille changer d’avis et ne plus adopter mon fils…
Bien sûr, les rebondissements ne se sont pas arrêtés là.
Fin juin 2015, nous avons reçu un nouveau recommandé : il s’agissait d’un deuxième jugement, rectificatif du premier, parce que sur le premier, le TGI avait oublié de notifier les prénoms de l’enfant (le pauvre n’avait plus de prénoms !). Nous avions vu cette erreur, mais comme nous n’avions pas modifié les prénoms de notre fils, nous n’avions pas pensé que cela aurait une conséquence. Nous avons donc dû attendre encore les 15 jours obligatoires de rétractation, et comme tout cela nous menait à l’été, nous avons laissé passer les vacances.
Début septembre, j’ai appelé le TGI pour savoir où en était notre dossier, et si la demande de transcription du nouvel état civil de Théophile avait été fait. Réponse : « la mairie nous a renvoyé le dossier car il y a eu une erreur dans le jugement : nous avions mis la ville de naissance de l’enfant dans le mauvais département et ils ont donc refusé la transcription, mais le jugement va être refait le 8 septembre… »
Patience étant mère de toutes les vertus, nous avons donc attendu de recevoir le troisième jugement, en espérant que cela soit le dernier ! Puis il a fallu encore attendre 15 jours afin que je puisse éventuellement me rétracter (notez que cela m’a laissé beaucoup de temps pour réfléchir à la question…).
Après ce délai, j’ai rappelé le TGI qui m’a dit (Ô miracle !) que l’ordre de changer l’acte d’état civil de mon fils partait le jour même à la mairie de naissance.
Quelques semaines plus tard, le 22 octobre 2015, j’appelais la mairie de naissance de mon fils pour savoir s’ils avaient reçu l’ordre de modifier l’acte de naissance de Théophile. Je suis tombée sur une charmante dame qui m’a dit qu’elle était en train de le modifier, justement (c’est ce qui s’appelle timing parfait !). Je demande donc immédiatement sur le site internet de la mairie un acte de naissance intégral avec mentions de filiation de mon fils.
Une semaine plus tard, le 27 octobre 2015, je reçois une lettre de la mairie, j’ouvre fébrilement l’enveloppe… pour découvrir que l’acte de naissance était complètement faux : mon fils était subitement né le 24 janvier 2015 (au lieu de 2011), et les noms des parents n’apparaissaient plus du tout, c’était comme s’il était né de… personne ! Je rappelle la mairie, qui me dit qu’effectivement il y a un problème, qu’ils vont le résoudre, etc… Moi, je suis furieuse, cela fait si longtemps qu’on attend !
Finalement, nous nous déplaçons le vendredi 30 octobre à la mairie, tous les trois, munis de notre troisième jugement, de nos deux livrets de famille et de nos trois cartes d’identités. Nous sommes rapidement reçus par une employée de mairie qui nous délivre enfin le précieux sésame : l’acte de naissance modifié de notre fils, avec son nom désormais complet, et la mention de ses deux parents, mon épouse et moi-même ! Cette employée, dans la foulée, inscrit notre fils sur le livret de famille qui nous a été délivré lors de notre mariage, presque 2 ans jour pour jour avant…
Nous sommes rentrés à la maison, avons pris des selfies de nous trois avec nos papiers à jour, et avons bu le champagne avec mes parents, qui venaient passer le week-end avec nous.
Voilà, la boucle est bouclée pour nous. Nous sommes une famille. Nous sommes tous les trois vraiment soulagés. Nous pensons encore à celles et ceux qui galèrent, pour avoir un enfant, pour l’adopter, pour avoir juste les mêmes droits que tous les autres citoyens. Il reste du boulot mais petit à petit, on avance, et ça fait du bien à nos enfants.
Anne
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